Interview

Me Mokshda PERTAUB  «Le rapport WBL préconise l’introduction d’une législation sur le féminicide à Maurice»

Me Mokshda PERTAUB «Le rapport WBL préconise l’introduction d’une législation sur le féminicide à Maurice»

Avec un score de 87,5 sur 100, Maurice grimpe à la 1ère place en Afrique selon le rapport WBL 2024, édité parle Groupe de la Banque mondiale et dont les indices analysent les lois nationales et les règlements affectant les opportunités des femmes. Peut-on parler de progrès ? Il est tout d’abord bon de souligner que ce rapport annuel utilise dix indices pour explorer trois piliers (juridique, systèmes de support et opinions d’experts), dont l’objectif commun est d’identifier les barrières à l’émancipation économique des femmes. J’ai d’ailleurs été sollicitée pour mon opinion d’experte sur ces aspects. Sur les 190 pays évalués, la principale faiblesse notée touche à la sécurité des femmes, la moyenne globale n’étant que de36 sur 100. Autre fait notable : comparé à l’édition 2023 où les femmes détenaient trois quarts des droits accordés aux hommes, elles affichent uniquement deux tiers en 2024. Il y a donc un recul dans les droits des femmes et dans la manière dont elles sont traitées. Pourtant le chef économiste de la Banque mondiale IndermitGill dit, dans le cadre de ce rapport, que «women have the power to turbocharge the economy». Or, dans l’analyse que j’ai effectuée en tant que consultante légale sur le rapport AFD Kantar sur les barrières entravant le retour des femmes dans le monde du travail à Maurice, il ressort que les deux facteurs majeurs empêchant cela sont la maternité et la sécurité. Du reste, la Banque Mondiale fait le même constat. Du coup, peut-on parler de ‘progrès’ même si Maurice a récolté 87,5 sur 100 alors que la moyenne en Afrique se situe à 57,4 ? Je dirais que si le rapport analyse l’existence des lois (‘laws in the books’), il s’attarde également sur leur implémentation et leur mise en œuvre à travers des cadres de soutien, qui représentent le deuxième pilier de l’évaluation. Et là, force est de constater qu’il existe des lacunes chez nous car une loi n’est pas vraiment opérationnelle s’il n’y a pas de règlements.   Maurice n’a obtenu que 75 sur 100 pour les indicateurs Sécurité, Mariage, Parentalité, Entrepreneuriat et Pension. Pourriez-vous expliciter? Ces faibles scores sont justement dus à des manquements dans les lois et règlements, notamment en matière de congés parentaux et de sécurité de la femme, décrite comme une vraie problématique. Selon ce même rapport, Maurice doit considérer l’introduction d’une législation sur le féminicide. On a d’ailleurs beaucoup milité en faveur d’une telle loi en 2023… Cela va de soi que l’indicateur Sécurité doit être appréhendé dans toute sa globalité. Outre cela, je préconise une réforme de la loi sur les violences conjugales. La loi du travail doit inclure une disposition donnant aux femmes le droit à des congés spéciaux et des allocations connexes pour se rendre en cour pour des cas de divorce, de violences domestiques ou conjugales. Qu’on le veuille ou non, la violence entraîne l’appauvrissement de la femme. Prenons les cas de violences domestiques dénoncées… Les femmes et les enfants sont arrachés de leur maison pour être placés dans des abris. Ils perdent ainsi leurs acquis alors que leur ‘bourreau’ jouit du confort de la demeure familiale… Or, c’est l’inverse en Autriche ! Les ‘bourreaux’ sont placés dans des ‘shelters’ où ils sont soumis à des séances de gestion de la colère.   Maurice score 52,5 et 67,5 sur les piliers Systèmes de support et Opinions des experts. Cela traduit quoi en matière d’entrepreneuriat ou de salaire ? Le soutien est accordé aux femmes dans le domaine de l’entrepreneuriat puisque les plans dédiés proposés, par exemple, par la DBM sont là. Mais il est très compliqué d’avoir accès à ces fonds dans la pratique ! Surtout si cela relève plus d’un projet entrepreneurial hors de la manufacture de produits et d’accessoires classiques. Donc, si vous n’avez pas de collatéral ou un pourcentage de fonds à proposer en garantie, cela s’apparente à un vrai parcours de combattante. Sans compter qu’on demande aux entrepreneures de soumettre un Business Plan en préambule. Et malheureusement, cela relève d’un exercice aussi complexe que périlleux. Il est vrai que le gouvernement vient de changer la loi en matière de ‘childcare facilities’. Toutefois, compte tenu des cas de négligence et de dysfonctionnement révélés récemment, il est aussi impératif de s’assurer de la qualité des prestations qui seront offertes dans ce contexte. Il est également bon de faire ressortir que les recherches menées sur les lois et règlements mauriciens affectant les opportunités économiques féminines démontrent, par exemple, que les restrictions n’ont pu être localisées, notamment concernant les salaires des femmes. Certes les lois existent, mais le flou persiste. Par exemple, il s’avère difficile de déterminer les grilles salariales pratiquées à travers les secteurs d’activités et ce, à tous les stades du cheminement professionnel des femmes dans le secteur privé. Ce qui n’est pas le cas dans le secteur public puisque le PRB assure une politique de transparence.   Comment dès lors appréhender cette problématique touchant le secteur privé ? Déjà, il faut tenir en ligne de compte que les femmes ne demandent pas leurs dus. Elles n’ont généralement pas appris à négocier le montant d’un salaire qu’elles jugent justifiés et équitables. Puis même s’il n’y a pas de restrictions et qu’elles peuvent légalement négocier leurs salaires ou demander un ajustement salarial, il est impératif d’avoir une transparence sur les pratiques salariales afin qu’elles sachent à quoi elles peuvent et doivent prétendre. Pour cela, une éducation et une sensibilisation financière sont primordiales. La partie du rapport consacrée à l’analyse de la moyenne globale du ‘gender gap’ en matière de salaires souligne que pour chaque dollar octroyé à un homme, une femme touche $ 0, 97.À ce rythme, il faudrait attendre 163 ans pour atteindre une ‘gender parity’ salariale à Maurice !   Selon le Gender Country Profile 2022, les problématiques d’inégalité et d’injustice entre les sexes à Maurice résultent de l’absence d’outils et de dispositifs, de financement insuffisant pour mener à bien des projets transformateurs, de normes sociales et culturelles sexistes… Votre réaction ? Sur papier, l’on dispose de pas mal de structures de soutien dédiées aux femmes à Maurice, notamment un National Crisis Commitee pour l’élimination du Gender based Violence tombant sous la tutelle du bureau du Premier ministre, un observatoire sur la Gender-based Violence, un troisième volet du Gender Action Plan…Mais est-ce que tout ça marche ? Est-ce que ces structures de soutien contribuent réellement à des changements notables ? Car si, au final, les femmes continuent à être battues, que celles-ci ne viennent toujours pas dénoncer les cas d’abus parce que la police n’est pas perçue comme ‘supportive’, que le niveau de harcèlement sexuel est toujours élevé, entre autres, c’est qu’il existe un problème. Nombre de questions relatives aux systèmes de soutien disponibles à l’échelle nationale n’ont pas été supplées par des preuves dans l’édition 2024 du WBL. D’ailleurs, le rapport parle de  «insufficient evidence» s’agissant, par exemple, de l’existence d’une entité au sein du gouvernement responsable de la supervision et de la mise en œuvre de tous les programmes nationaux ayant trait aux violences faites aux femmes. Cela veut tout dire…   VITE DIT AVEC ELLE, C’EST JAMAIS SANS ? ‘Uplift’ les autres si elle peut et croire dans le potentiel des femmes. LA QUALITÉ SUR LAQUELLE ELLE TRAVAILLE ? Sa compassion. Éviter de porter des jugements sur les autres également. ET LE DÉFAUT ? Être moins anxieuse. CE QUI L’INSUPPORTE PARMI LES REMARQUES FAITES AUX FEMMES ? Toute remarque touchant au physique.

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