La Femme sans nom ou l’histoire de la mystérieuse muse de Baudelaire

La Femme sans nom ou l’histoire de la mystérieuse muse de Baudelaire
Si le langage utilisé pour la narration pourrait heurter la sensibilité de certains, le documentaire dépeint parfaitement Jeanne Duval en l’illustrant à sa juste valeur.

C’est au cinéma Star du Caudan Waterfront qu’a eu lieu la projection du film-documentaire La Femme sans nom, l’histoire de Jeanne et Baudelaire. Cette projection organisée par le Nelson Mandela Centre for African Culture Trust Fund a bénéficié de la collaboration du Blue Penny Museum et de la Mauritius Commercial Bank.

Réalisé par Régine Abadia, avec la participation d’Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum, La Femme sans nom raconte l’histoire d’un fantôme qui hante un tableau réalisé par Gustave Courbet en 1855 exposé au Musée d’Orsay à Paris. Et parmi les protagonistes du fameux tableau on retrouve Charles Baudelaire, grand poète symboliste qui a consacré sa vie à son œuvre principale Les Fleurs du mal. Aux côtés de Baudelaire se dresse subtilement la silhouette d’une jeune femme noire tantôt référée sous le sobriquet de Jeanne Duval alors que pour d’autres, elle serait Jeanne Lemer ou encore Jeanne Lemaire. Connue comme étant la compagne du poète, la silhouette de Jeanne aurait été effacée par nul autre que Courbet lui-même.

Lors de la projection du film-documentaire, Régine Abadia et Emmanuel Richon ont rendu un magnifique hommage à Baudelaire et à celle qui l’aurait inspiré pour certains poèmes composant Les Fleurs du mal. «J’ai toujours aimé Baudelaire et l’histoire entre un poète blanc et une femme noire au 19e siècle m’intriguait», souligne la réalisatrice. C’est d’ailleurs en faisant des recherches qu’elle tombe sur la biographie de Jeanne et de Baudelaire, Belle d’abandon, rédigée par Emmanuel Richon en 1998. «En faisant des recherches, j’ai appris qu’Emmanuel vivait à Maurice.» Pour Régine Abadia, la question ne se pose pas, il devient, pour elle, une évidence qu’une grande partie du film doit être tourné sur le sol mauricien. «Emmanuel a su sortir Jeanne Duval de l’ombre. Et il nous montre en même temps que les études baudelairiennes demandent vraiment à être dépoussiérées. »

Obsédé par la figure de Jeanne, Emmanuel Richon a consacré dix ans de sa vie à traquer sa présence dans les vers de Baudelaire et de rares témoignages dans le but de dénoncer le dénigrement qu'elle a subi et de la ramener à sa juste place dans l’œuvre et la vie du poète. La Femme sans nom tente en effet d’éclaircir les mystères liés à Jeanne autour de ses origines et de son identité. Entre ses rêves brisés et sa relation avec un poète ruiné, son âme se dégage à la lecture de nombreux poèmes. «Je suis reconnaissant que Régine se soit inspirée de mon livre pour illustrer ce beau documentaire. Il n’y avait pas meilleur moyen de rendre hommage à cette femme qualifiée comme étant un repentir», conclut Emmanuel Richon.


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